La poésie se définit :
Celle qui pousse tout ce qui m’entoure,
Qui fait table rase de ma journée visible,
De mes moments vécus seconde après seconde
Pour me faire voir et vivre l’inframince de
l’inframince du désir :
Lame fine, lisse, de lumière, plongée, enfoncée,
couchée
Qui voudrait se relever, gisante ressuscitée,
mais les bons mots ne sont pas à sa portée,
les vers comme des crochets de grues invisibles
manquent
pour la soulever vers le toit ouvert, qui s’avère le
trottoir, parfois le sentier,
de certains mortels. Vivants.
Je témoigne de cette définition :
Mes yeux, ce matin, pendant des heures, accrochés à
cette lame fine, très fine, et lisse,
De lumière,
Jusqu’à ce qu’enfin, mes doigts, maladroits,
s’accrochent
Au clavier de l’ordinateur portable – la lumière de
la poésie
Fut échangée : celle de l’écran l’a couverte et
dévoilée sur la page numérique.
La poésie, finalement, est une question de
troc : changer une éternité pour une infinité.
Ou le contraire.
Sanda Voïca
19 décembre 2012, écrit vers 11 h 30 [rajout à 23 h 30, du même jour : écrit, donc, après plusieurs heures de contemplation de l'inframince de l'inframince du désir, lame fine, lisse, de lumière, comme tombée dans le gris-noir, fin aussi, de - de quoi donc ? Je ne l'ai pas dit, une inexistence pleine, consistante, faite de mots qui attendaient d'autres mots, les miens, pour que cela - la lame du désir donc - soit soulevée, vers un toit aussi noir, gris, consistant, et pas haut du tout, plutôt un plafond, d'une chambre sans parois; pour que la lame soit pleinement mise en évidence - éblouissante ? aveuglante ? le saurai-je un jour ? Ca recommence, ça continue...]