dimanche 3 février 2019

P.2019.02.03.SCANS Livres pauvres Sanda Voïca, poète-Maria Desmée, artiste. 10 livres pliés et 1 livre non-plié. 2018/2019

Rencontre
poème de Sanda Voïca
Rencontre. Esquive. Tournoiements. Pilier sans face. Pour un face-à-face. Trou dans le tissu de l’air. Se jeter de tous les pores
 – désemparement –
là où la tête cherche son au-dessus : les mots sans le corps.
Harassement horizontal, large, solide dans la poitrine
Les dents vers le haut ont tout remplacé : cœur, poumons, foie…
Mais elles me font vivre à leur place
Les dents solides : rencontre de chaque matin.
Quand tout chemin est une crevasse dont on ne connaît pas la profondeur.
On se contente
d’admirer ses bords et de la renverser :
la mettre sur la verticale
pour la couper et la soutenir.
Je joue autour d’elle
derviche de mes journées.
Et voici : ceci est mon corps
offert en pâture.
Pris et repris par un départ
une séparation pour la meilleure rencontre : de ce qui n’atteint que les bords
                 – ou bien le bouts
-          d’en haut et d’en bas
-          c’est selon : si vous êtes couché, endormi
-          ou tout droit dans vos bottes
-          pour l’éternité –
que les bords du sentiment qui s’écrit
en toutes lettres : s e n t i m e n t.
Lui, la crevasse dont on ignore la profondeur.
Toujours la mettre sur la verticale. Force et faiblesse.
Une fois debout
la tronçonner :
un derviche de chaque instant :
le sentiment.
Lequel ? Enigme – dont la profondeur double celle de la crevasse.
Quel sentiment ? Mais le seul, voyons, qui fait tourner le monde.
Juste son affirmation – crevasse dans un glacier.
Et toujours une couture à faire.
Et comme sentiment
                               sédiment
                                               la couture.
Tourbillonne-moi
Jusqu’à la crevasse infinie
Dans la glace changée en flamme solide
verticale
pilier.
Je ne tiens que ce qui me tient.
Mais avec plus de détours et de volutes.
L’arabesque – celle qui est ma vie même.
Un cap à atteindre.
Un cap à tenir. Un cap surtout à contourner.
Délice
d’hélices
qui traversent les vaguelettes antédiluviennes.
Aspirer par toutes les ouvertures-fermetures.
Pour qui la danse ? A qui la robe ?
Vers quoi les pans du Grand Epanchement ?
Sentiment.
Arabesque.

2 décembre 2018-19 janvier 2019
Sanda Voïca