- Il y a eu le "Molloy" de mes vingt ans - lu en français, pas encore traduit dans ces années 80', quand je vivais en Roumanie - Roumaine ! -, livre retrouvé dans deux-trois reprises à la Bibliothèque Centrale d'Etat, en fin d'après-midi, après mes cours à la fac, jusqu'à la fermeture. Autour d'une immense salle rectangulaire, des rares lecteurs - j'ai copié presque en entier le livre de Samuel Beckett, cette opération atténuant beaucoup mes fortes impressions - cérébrales surtout - de lecture : comment quelqu'un a pu écrire tout ça, comme ça ! Et aujourd'hui, de bonne heure, je reprends, 30 ans après, le même livre, maintenant vivant en France, le français imprégné dans mon corps et cerveau, goutte-à-goutte. Et cette nouvelle lecture m'impressionne autrement, mais toujours au point de me faire mal : je me laisse transpercer par des piques et pointes diverses dans ma chair - dans les côtes surtout, mais vite mes doigts s'engourdissent, je tremble, à chaque mot lu. Je ne veux plus les copier, comme autre fois, mais écrire mes propres mots, comme ici, ou ailleurs. Faire mon propre chemin, avancer molloyement - mais surtout voïciennement.
dimanche 21 octobre 2012
P2.2012.10.21.Samuel Beckett, "Molloy"
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