C'est arrivé le 6 janvier 2019 : épiphanie !
La poète / écrivaine Sabine Dewulf
( des bribes de la force de son écriture à découvrir ici :
a lu Trajectoire déroutée et a fait part de sa lecture
sur sa page de poésie , Le Miroir d'or, sur Facebook.
Mais une note de lecture à venir, signée Sabine Dewulf, donc, dans la revue papier Diérèse.
Le choix des poèmes et des images lui appartient.
J'ai juste rajouté la couverture du livre évoqué.
"Aujourd'hui, je
veux évoquer le dernier recueil de Sanda Voïca, "Trajectoire déroutée",
paru aux éditions Editions LansKine en 2018. Et en
même temps, je voudrais ne pas trop en dire, pour tenter de rester à la hauteur
de la dignité et du silence que je pressens derrière ces mots... Ce silence
presque solide, comme le devient ici l'air du jardin, par exemple.
Ce livre est
dédié à Clara Pop-Dudouit, dont le nom est suivi de ces dates :
"1994-2015". Toutes les mères qui ont une fille de cet âge à peu près
(c'est mon cas) ne peuvent, je crois, qu'être profondément remuées par une
telle lecture. Mais j'ai envie d'ajouter aussitôt : toutes les mères, puis,
toutes les femmes, puis... toutes les femmes et tous les hommes. Parce que ce
dont nous parle ce recueil, c'est finalement des différentes manières dont on
peut survivre à la mort d'un très proche, quel qu'il soit. Est-il un thème plus
universel et plus profond ?
Ce recueil est
bouleversant peut-être d'abord parce qu'il atteint un équilibre, qui me semble
rare, entre la limpidité (aucun poème n'est inaccessible) et la densité de
l'énigme qui entoure la disparition d'un être. Il l'est aussi grâce à un autre
équilibre, plus délicat encore, peut-être, quand il se fait entre la pudeur et
le dire vrai. Il m'apparaît que la poète ne veut rien se cacher à elle-même,
dans tout ce que le tragique traîne avec lui de terriblement collant, de
gluant, et dans la difficulté éprouvée à s'en extirper ; et en même temps, la
distance se fait, inouïe, entre l'être proche - si proche - et celle qui écrit,
à travers par exemple cette expression récurrente "la fille". Un
espace pour la parole, pour la circulation de vie. Une fenêtre qui ne soit pas
un squelette.
J'en ai déjà
trop dit. S'extraire de ou s'enterrer avec, poursuivre l'effort de vivre,
recevoir le miracle encore de pouvoir dire la joie, soutenir le jour naissant,
partager avec le lecteur le vol impalpable d'une vérité entrevue (c'est le
dernier poème que je présente ici : admirable)..., c'est dans tous les cas
écrire, nourrir le poème en sa lumière comme en son clair-obscur.
A lire. A se
procurer. A tenir près de soi."